Si la mélancolie vous prend et que vous avez épuisé les délices du Schumann Fou, de Pascal Comelade et de Karen Cheryl, essayez donc l'Oeuvre pour Piano de Federico Mompou, compositeur espagnol méconnu (1893-1987) qui vous laissera pantelant de spleen épais et ravi tout autant. Conseil de connaisseur (en langueurs horizontales).

 

























Pour acheter le coffret : www.fnac.com

Edition du premier album solo chez Tzadik (Signs and epigrams) de la pianiste/compositeur suisse Sylvie Courvoisier (après de nombreuses collaborations avec Mark Feldman, Ikue Mori, Fred Frith, le trio Mephista, etc.), soit 10 pièces enfiévrées alternant architectures sonores extrêmement construites (Meccania, variations sur une seule note) et improvisations fulgurantes (la série des Epigrams) à écouter alangui dans le noir, les yeux mi-clos et le coeur battant. Peu à peu, l'univers cristallin de la musicienne vous captive et aiguise votre oreille devenue sensible au moindre son émis par un piano absolu - touches, cordes, bois, pédales, tout s'entend et tout vibre, expérience organique saturée d'émotion... L'ensemble est magnifique.

Pour acheter le CD : www.tzadik.com

Premier album, on découvre 3J un peu ahuri, malingre et pâlot, chemise blanc bleu clair sur fond bleu plus soutenu - on songe aux séries de Rineke Dijkstra où l'artiste hollandaise saisit l'atonie des adolescents dans les night-clubs techno, silhouettes épinglées contre un mur monochrome. Les filles, les garçons, ont été extraits de leur contexte, ils en conservent comme l'écho, sidérés, absents à la musique, présents pour l'objectif qui les capte assez tôt, avant le devenir. 3J a 25 ans, il installe son univers dépressif, vacation sentimentale, sur l'espace de cet après nébuleux : pourra-t-on demeurer insouciant, naturel ("I used to be handsome / I used to be popular", fredonne-t-il a capella, durant les 39 secondes de Skeletal) ? Une reprise de Michael Nyman l'incite, au fil ténu de quatre plages successives, à psalmodier anxieusement "I'm older now / Much older now  / Than I was when I was young", car plutôt que d'amour (romance, etc.), c'est d'âge dont il s'agit, déjà devrait-on dire ; ce regard si flou, cet air presque emprunté, interrogent le futur.